Anna-Helena Kummerli

L’HISTOIRE D’UNE PASSION - Bluff

Bluff - mon havre de paix

Maintenant, il faut que je vous parle d’un coin, cher à mon cœur. En roulant de Moab à Monticello et ensuite Blanding, on arrive bientôt dans un petit village du nom de Bluff. A cet endroit, il y a un motel super-sympa que j’ai découvert par hasard, car lors de mes voyages précédents, je me suis toujours arrêtée à Blanding, mais la ville n’est pas très accueillante, malgré un joli restaurant-musée. En arrivant à Blanding, il y a toujours le policier du bled qui vous attend, en espérant, même en vous incitant presque, à la faute. Il ne vous lâche pas et si vous arrivez a la sortie du village, sans vous avoir fait pincer, vous avez eu de la chance et il retourne attendre les prochains clients avec rages! Donc, j’étais bien contente de trouver ce motel à Bluff et depuis des années j’y retourne, car on y est si bien. Il est pourtant simple, mais il a une atmosphère spéciale. Tout d’abord Jim et Luanna, les propriétaires, sont des personnes charmantes et Jacky, la réceptionniste et amie du coin, également. Quand j’y arrive après une assez longue absence, on me dit: “welcome home” (bienvenue à la maison). Ça fait chaud au cœur et même maintenant, quand j’écris ces lignes, j’ai presque le “mal du pays”. C’est une ambiance familiale, mais qui fonctionne merveilleusement. Il faut dire qu’il y avait, jusqu’à peu de temps, une personne extraordinaire qui tenait l’office le matin. C’était le Papa de Luanna, un homme d’un certain âge, mais extraordinaire. Beaucoup d’élégance, de savoir vivre, de la classe et un bon sourire sur les lèvres. Toutes les personnes qui ont connu Stan ont eu de la chance, car à chaque contact avec lui, on se sentait plus riche. Il nous manquera longtemps, car il est parti pour toujours dans le courant du mois de Juillet 2003. Il repose maintenant au cimetière de Bluff, lui qui a habité pendant de longues années dans le Colorado, si loin de son pays natal, la Suède. C’est seulement à sa mort que j’ai appris qu’il était Suédois et qu’il parlait toujours suédois avec sa sœur, qui l’a suivi dans sa mort deux mois plus tard. J’avais une sorte d’amour, mêlé de tendresse et d’admiration silencieuse pour lui et je crois qu’il me le rendait bien. Nous n’en avons jamais parlé, mais ces sentiments existaient simplement. Merci Stan, vous me manquerez toujours!

Les chambres sont boisées, agréables, avec juste le confort qu’il faut pour un séjour sportif. Au premier étage, une petite estrade ou chacun s’assied un moment après une journée de découvertes. On discute- on échange les impressions du jour - on se raconte- on boit un verre avant d’aller dans un des 3 restaurants du village pour un bon diner. Il y a aussi une piscine et un jacuzzi et Jim sait que j’adore voir le lever du jour, assise dans son jacuzzi et pour me faire plaisir laisse toujours la porte ouverte pour que je puisse m’y glisser à l’aube, même avant le lever du soleil. Il peut faire un froid de canard ou déjà une bonne chaleur. J’y rêve, en me délassant- je fais le programme de la journée - j’observe et écoute les oiseaux! Il m’est arrivée d’avoir un petit moment de cafard et de tristesse, car ce n’est pas toujours évident de vivre tant de beauté sans un compagnon de cœur, mais ces quelques moments au lever du jour, me remette les idées en place et me font réaliser que, que malgré ma solitude, j’ai beaucoup de chance. Je partage mes joies avec mes voyageurs et amis, au lieu de les partager avec l’homme de mon cœur. L’essentiel est le partage, alors....il faut prendre la vie comme elle est.

Ensuite, c’est le petit déjeuner. Il y a du café, du the, des muffins, des toasts, des céréales, des fruits, des jus, des yoghourts et j’en passe et chacun prends ce qu’il veut en mettant simplement des sous dans un panier. Le prix des choses est marqué sur le frigo et personne ne contrôle, mais j’espère bien que personne ne triche, car ce serait honteux. On prend la place qui est libre, en se mêlant à d’autres groupes. C’est franchement un endroit multiculturel et passionnant.

Un soir, je rentre d’une journée de visites, prends ma douche et m’assied devant ma chambre, quand le son d’une flute indienne embellit la soirée. C’était le guide d’un groupe de voyageurs en Harley Davidson qui se donnait un moment de répit et qui nous rendait la vie belle et harmonieuse. Il jouait en réalité pour lui, pour se relaxer, mais il a fait plaisir à la communauté. Il m’a donné envie de me remettre à la flute que je jouais quand j’étais gamine. Il y a également des soirées de diapositifs et explications et c’est merveilleux d’apprendre chaque fois une nouvelle chose des environs. Malheureusement, j’ai souvent des clients qui ne parlent pas anglais ce qui m’empêche évidemment de profiter de ces soirées instructives.

 

A Bluff, il y a 3 restaurants, car le 4ème “The Turquoise” qui était tenue par une dame d’un certain âge, a fermé ses portes. Chez-elle, il fallait obéir, manger ce qu’elle nous servait, sinon,.....attention les ennuis. Evidemment, j’exagère, car elle était très gentille et sa cuisine très bonne. Il y a le Steak-House tenus par Howard et Jane, son épouse. Avant de “jouer au patron” et de faire ses jeux de patience, Howard grillait de bonnes viandes, avec haricots cowboy et pommes de terre rôti. Ce n’était jamais bon marche, car ils aiment beaucoup les sous, mais maintenant, c’est carrément cher pour un petit bled comme Bluff et les portions sont de plus en plus petites ce qui est très rare aux Etats Unis. Par contre, c’est un endroit charmant, ou on peut manger dehors par beau temps et c’est un “must” de manger au moins une fois là-bas. Il y a aussi le Twin-Peak-Cafe ou la nourriture est bonne et pas cher. Il y a beaucoup de familles indiennes qui viennent manger au café. Ensuite, il y a le “restaurant chic”. Quand mes clients et amis voient la maison la première fois depuis dehors, ils se demandent franchement, dans quel coupe-gorge je les amène, mais.....à l’intérieur, une surprise. Tout d’abord, on entre par la boutique de souvenirs indiens très valables, aussi bien en qualité qu’en prix. La propriétaire a toutes les choses en soumission, donc elle ne dépense pas d’argent pour l’investissement et elle peut vendre à des prix hors concurrence. Elle a une très bonne relation avec tous les Navajos des environs qui lui font entièrement confiance. Ensuite, il y a une merveilleuse bibliothèque, une salle à manger et dans une sorte d’annexe, 2 autres salles à manger vitrées. Il n’y a pas deux chaises du même modèle, mais....qu’est ce qu’on est bien. La patronne ne sert que trois menus pendant 3 jours et ensuite 3 autres pendant 3 jours et tout ce que l’on mange chez-elle est tout simplement excellent. Son vin aussi! Il vaut mieux réserver avant d’y aller, car c’est souvent plein. Elle vous placera dans la pièce qui sera disponible. Je crois que j’ai utilise toutes ses chaises depuis le temps que je m’arrête à Bluff. Le restaurant n’est ouvert que du 1er avril au 30 octobre et encore que 5 jours par semaine. Ne passez pas un mardi ou mercredi a Bluff, car c’est fermé, mais ne le ratez pas!

 

Malheureusement, quand je relis ces phrases, je réalise qu’il y a eu beaucoup de changement. Ce restaurant n’est plus ouvert....car, après avoir perdu le compagnon de sa vie, la propriétaire, Linda, a décidé de s’occuper à 100% de son fils handicapé.

Depuis elle a retrouvé un homme dans sa vie et j’espère qu’elle est très heureuse, car elle le mérite.

Todos los derechos pertenecen a su autor. Ha sido publicado en e-Stories.org a solicitud de Anna-Helena Kummerli.
Publicado en e-Stories.org el 13.05.2019.

 
 

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