Nadège Ango-Obiang

La passerelle interdite

La passerelle interdite



Des sons de cornes, des bruits de tams-tams, des échos des danses des villageois formant le clan Nkodjein, à Bitam. Des clameurs s’élevèrent soudain. Une jeune fille, à l’ombre, guettait et attendait que les plus vieille femmes libèrent les cuisines faites de terres battues. Quand cela fut fait, Essono s’engouffra dans deux d’entres elles et emplit un énorme panier de ce qu’elle pu trouver. Or, dans l’obscurité, son fiancé, Ella, l’épiait. Une pluie torrentielle balaya soudain le village, ce qui fit redoubler les cris d’allégresse des habitants et surtout des danseurs. Aussi discrètement qu’elle put, Essono s’enfonça dans la forêt, traversa bien des ponts très peu fiables. Remontant une pente boueuse et glissante, elle se retrouva nez à nez avec un immense boa bien sombre.

-    M’bolo, Essono, dit le Boa.

La jeune fille se contenta de hocher la tête et de s’agenouiller auprès de la créature. Elle déposa doucement et respectueusement le contenu de son panier. Le boa regarda et dit :

-    Déjà trois ans  que tu m’honores, et toujours pas de sacrifice humain.
Il soupira :
-    c’était un être porche de toi ou trois ans de soins.  Tu a tenu ta promesse. Du sang t’aurait béni et enrichi pour la vie, Essono.

Le reptile avala  tous le contenu du panier. Puis il dit :

-    Personne ne t’a suivi ?
-    Personne ne connaît cet endroit, promis la jeune femme.
-    Alors, je le scelle en ton nom. Demain, bien avant que la nuit ne s’efface, avant que l’aube ne s’installe, reviens. Je serais au travers du chemin, j’aurais la couleur du sol. Même si tu ne me vois pas, traverse moi. Ainsi, tu auras franchi la passerelle vers le bonheur… et une certaine richesse.

Le boa ajouta dans un soupir :

-    J’aurais préféré de la chair pour finir ce plat. Ta richesse serait plus que considérable. Va et reviens.

Le fiancé vit la jeune fille rebrousser chemin sous l’orage avec son énorme panier vide. Il attendit et vit le boa enfler puis, progressivement, entrer sous terre. Quand ce dernier sembla avoir disparut, le fiancé vint et enjamba l’empreinte de la bête. Mais la passerelle avait été scellée au nom d’Essono. L’animal se redressa et avala le fiancé très langoureusement, trouvant enfin son festin plus que savoureux. Dans son sommeil, Essono se vit adulée et couronnée de gloire. Le sourire aux lèvres, elle alla avant l’aube enjamber l’empreinte de la bête et traverser ainsi sa passerelle vers un bonheur plus que considérable.











 

Todos los derechos pertenecen a su autor. Ha sido publicado en e-Stories.org a solicitud de Nadège Ango-Obiang.
Publicado en e-Stories.org el 21.07.2008.

 
 

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