UN AMOUR ANCIEN
Hier, alors que j’étais allée payer ma facture d’eau, je me suis tout d’un
coup retrouvée 20 ans en arrière. En entrant dans cette agence, je me suis
retrouvée nez à nez avec un homme que j’avais aimé et qui m’avait aimé, un
peu trop à mon goût à l’époque. Ensuite nous nous sommes retrouvés ensemble
devant la caisse. Il m’avait tendu la main pour me dire bonjour. Nous ne
nous sommes plus parlé. J’étais débout devant lui, dans cette file d’attente
qui se forme toujours devant les guichets en début de mois. Je sentais son
regard sur mon coup et je sentais ses yeux transpercer cette partie de mon
corps. Peut-être étais-ce mon imagination, peut-être ne me regardait-il même
pas. Le silence s’était fait autour de nous comme si toutes les personnes
autour de nous étaient au courant et nous observaient, se demandant comment
ces deux personnes allaient créer un pont entre le passé et le présent, et
deviser tout simplement comme deux amis.
Mais nous n’étions pas amis. Je l’avais abandonné lâchement après lui avoir
fait miroiter une vie à deux. Nous nous étions perdus de vue pendant vingt
ans mais en ce moment je le croisais partout et ma conscience se réveillait
à chacune de ses occasions pour me rappeler toutes les mauvaises choses
que j’avais fait subir à ce garçon.
Je pensais à tout cela et j’avais l’impression qu’il suivait le cheminement
de mes pensées. La file n’avançait pas. La caissière avait des problèmes
d’ordinateur. Nous étions coincés là. Je n’osais bouger de peur de croiser
son regard.
Que pensait-il de moi ? Peut-être ne se rappelait-il plus de moi ? Non, non
ce n’était pas le genre de garçons tombeurs qui avait collectionné les
cœurs. J’étais sa première copine et la suivante devint sa femme. Ainsi
s’arrêta sa vie amoureuse et commença sa vie maritale. C’est ce que j’avais
appris sur lui.
Nous nous étions connus à une époque où j’étais à la recherche d’un copain,
parce que j’étais la seule à ne pas en avoir. Il passait et je me servis de
lui. Après je fus grisée par les restaurants et les cadeaux qu’il
n’arrêterait pas de m’offrir. Ce fut une période de vénalité et de
corruption de sentiments. C’était le seul qui ait à en souffrir. La raison
me revint et les copains que j’ai eu par la suite l’ont bien vengé parce ce
ne fut que déboires après déboires. Il ne savait pas tout cela. Peut-être le
savait-il. Peut-être avait-il souri en me voyant me débattre dans des
relations instables ou destructrices, peut-être avait-il ri aux éclats alors
que lui se trouvait dans un bonheur conjugal sans nuages et faisait des
enfants équilibrés et stables, que j’avais eu plus tard comme élèves.
J’ai voulu lui parler d’ailleurs de ses enfants et de lui dire à quel point
il devait en être fier. Et d’ailleurs que devenait son fils ? Il avait eu
le bac avec Mention très bien. Et sa fille, allait certainement en faire
autant.
J’avais regardé leur fiche de renseignement. Ils étaient 5 enfants, leur
mère était infirmière et leur père, leur père je savais ce qu’il faisait.
J’ai eu envie de lui parler de tout cela et je me suis arrêtée. Cela
servirait à quoi ? A rien. Autant rester les deux anonymes qui n’ont eu
aucun passé commun et qui étaient juste là, dans une file, à attendre une
caissière se débattre avec une machine qu’elle ne maîtrisait pas et attendre
que cela soit fini, que le flot de gens avance et que nous puissions chacun
continuer son chemin et en espérant ne plus se croiser.
Todos los derechos pertenecen a su autor. Ha sido publicado en e-Stories.org a solicitud de Farhya Djama.
Publicado en e-Stories.org el 16.11.2010.
Más de esta categoría "General" (Relatos Cortos en francés)
Otras obras de Farhya Djama
¿Le ha gustado este artículo? Entonces eche un vistazo a los siguientes: